Télétravail en Algérie : comment s'adapter en urgence malgré les contraintes ?

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Nariman Hamouche

Le télétravail en Algérie s’est imposé en 2020 comme partout ailleurs dans le monde comme le nouveau paradigme pour nombre d'entreprises algériennes. Cet article analyse les contraintes spécifiques à l'Algérie et les perspectives de développement qui s'imposent à l'heure du post-confinement.

Le télétravail en Algérie connaît un accueil plutôt mitigé: Si pour certains, ce dernier ne comporte que des avantages, pour d’autres, il s’avère être contraignant.

D'un point de vue managérial, il représente un moyen pérenne pour les entreprises de réaliser des économies sur les charges locatives et d’entretien des espaces de travail. De plus, il représente un excellent moyen de motivation dans la mesure où il assure flexibilité et autonomie aux salariés, leur permettant de faire le pont entre vie professionnelle et personnelle tout en leur assurant tant un gain d’énergie que de temps, compte tenu du fait qu’il permet de limiter le temps consacré à leurs déplacements, voire même de diminuer le stress dû aux embouteillages. Certaines catégories de gens bénéficient particulièrement du télétravail, en premier lieu les parents avec de jeunes enfants, car il devient plus simple de jongler avec les déplacements et la garde des petits.

Un lot d'inconvénients à gérer

Ceci dit, le télétravail en Algérie n’échappe pas à un lot d’inconvénients qui entravent son développement.

En premier lieu viennent les problèmes techniques dus à la faiblesse du débit d’internet, rendant ardue la tenue de visioconférence avec image et partage de documents. Viennent ensuite les difficultés d’acquisition et de sécurisation des outils de collaboration, notamment pour les PME.

Le frein le plus puissant demeure sans doute la résistance au changement, à la fois du côté managérial et du côté des salariés. Le management “top down” basé sur une présence physique et un calcul des heures de présence s’avère impossible à perpétuer en télétravail. Le calcul de la productivité des équipes devient complexe, et l’on doit passer vers un suivi par objectifs plutôt que par heures passées. Du côté des salariés, il y a l’adoption de nouveaux procédés de travail et la “réunionite” par laquelle certains gestionnaires remplacent l’absence de visibilité “physique” sur leurs subordonnés.

Quelles perspectives pour le télétravail post-confinement ?

La grande question demeure: que va-t-il rester du télétravail post-confinement? Reviendra-t-on à un travail en présentiel à 100%? Ou plutôt vers un modèle hybride, comme cela semble se dessiner dans la plupart des pays occidentaux? Ce qui est certain, c’est qu’un tabou a été brisé : il est possible de gérer une entreprise avec une partie, voire la totalité, de ces équipes en télétravail. Jamais nous n’aurions pu faire ce test grandeur nature sans l'opportunité offerte par la pandémie.

D’un point de vue juridique, le gouvernement travaille sur une nouvelle mouture de projet de loi en vue d’adapter la loi 90-11 relative au code du travail au contexte actuel. Il est urgent de penser de nouveaux textes permettant une meilleure gestion de la ressource humaine dans le contexte du télétravail. La plupart des lois actuelles régissant le travail ont été pensées pour les organisations industrielles de masse du 20ème siècle… Il est urgent de les adapter aux nouvelles réalités, dont celles de la primauté du secteur tertiaire et de la flexibilité du travail.

De plus, selon une étude menée lors de la crise sanitaire auprès des managers de diverses entreprises, 72,4% des personnes interrogées ont estimé que cette méthode était efficace et 81% étaient prêts à adopter le télétravail à long terme, traduisant une réelle volonté de la part des entreprises algériennes d’épouser le changement vers un nouveau mode de travail.[ Mohamed AZIZI, «L’adaptation du management au télétravail», Mémoire de Fin d’études Master 1 spécialité « Management et stratégie d’entreprise », Institut supérieur de gestion (ISG), Alger, 2020, p.62.]

Malgré les quelques inconvénients et réticences des entreprises algériennes face au télétravail, ce dernier est devenu une des priorités qu'elles doivent inscrire dans leurs stratégies afin d’optimiser les coûts, attirer de nouveaux talents, assurer une continuité de l’activité en toutes circonstances et embrasser l’ère de la digitalisation.

Parallèlement, une alternance entre télétravail et travail en présentiel permet d'assurer une transition douce vers ce procédé tout en préservant les relations humaines. Ainsi, dans une optique de conduite de changement, ce mode alternatif limite la résistance et facilite l’adaptation.

Lotissement Ben Haddadi, villa n°2, Dar Diaf 16014, Chéraga, Algérie
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